Explorer la sensation d’exil propre à chacun.e de manière ludique et créative à partir de deux questions : Quel objet choisirais-tu pour te redonner une place dans la société ? Quel objet offrirais tu à quelqu’un.e pour l’aider à se reconnecter au monde ?
Autour de pratiques artistiques relevant du théâtre, de la performance et de l’écriture; l’atelier s’est décliné en 3 étapes : -Collecte et Récits d’Objets -Travail sur le théâtre d’objets lié à ces récits -Mise en mouvement/Chorégraphie des récits dans une installation vivante
A) Ateliers Récits et transmission d’Objets : Chaque participant.e apporte un objet qui lui tient à cœur, auquel il/elle est attaché.e et qui raconte une étape importante de son chemin ou qui l’aide à avancer, un objet qui peut être présent ou absent ou bien un objet familial précieusement conservé et qui transmet la mémoire de son histoire en héritage.
« La biographie de l’objet est aussi une biographie de la personne » (Barbara Cassin)
Le porteur de l’objet devient un auteur et un passeur de savoirs, de savoirs-faire, d’histoire. Ces ateliers animés par deux artistes d’Ornic’art sont centrés sur : -La transmission orale, les échanges sous la forme d’improvisations dirigées et ludiques. -Les enregistrements, le montage sonore et la mise en forme écrite des récits. -Ébauche d’un muséobanque local.
B) Ateliers centrés sur le travail sur le théâtre d’objet liés aux récits improvisations personnelles ou à plusieurs guidées par des consignes.
-Exploration de l’utilisation de l’objet comme moyen de création d’un espace dans lequel on évolue -Transformation des corps au contact des objets et de leur nouvelle symboliques, de leurs nouveaux usages -Enracinement / Élargissement des possibles / Offrandes
Ces trois notions sont abordées sous l’angle de la relation au corps et à l’objet.
C) Mise en mouvement des récits / Ateliers centrés sur le travail corporel : Dans la troisième phase du projet, les participant.e.s explorent et revisitent leur récit dans une approche corporelle. Donner une nouvelle vie à son objet, le mettre en scène et en mouvement pour élargir les possibles et l’horizon.
Chaque participant.e crée une petite performance/chorégraphie liée à son récit et à son objet. Travail sur le mouvement et le déplacement dans l’espace, sur la justesse par rapport à soi et son récit, sur ses singularités, ses fragilités et ses forces, sur les appuis, sur la connexion avec les autres, sur l’engagement physique.
Qu’est-ce que, de votre expérience, la mise en place de projet artistiques/culturels fait bouger ?
Chez les pratiquant·es / usager·es /participant·es :
Être ensemble par le corps. Reconnaitre et mémoriser les autres. Joyeusement.
Pour chaque participant, la pratique artistique lui permet de se (re)-connecter au monde et se présenter à nouveau à travers les exercices. Il n’est pas perçu comme un malade mais comme un être inventif et sensible. On ne juge pas, on ne diagnostique pas, on crée ensemble de manière ludique.
On parle de l’autre à partir de soi, on s’intéresse à lui, le découvre et on le valorise. La confiance en soi se développe de séance en séance. La parole est encouragée à travers une émulation par l’imaginaire, la créativité et l’empathie. Le groupe fonctionne sur une émulation attentive et bienveillante.
Chez les soignants :
Une autre solution que les médicaments. Une convalescence sans cachets. L’expérimentation de leur potentiel créatif au service de leur action soignante. Des moments précieux d’empathie et d’émerveillement au delà de la structure de l’hôpital. Des éléments humains et psychologiques essentiels apparaissent dans les ateliers qui peuvent les aider la mise en œuvre des thérapies.
Chez les artistes :
Une compréhension humaine différente de l’intérêt sociétal de la pratique artistique. Son “utilité“ pour prendre soin des autres. Une adaptation fréquente des outils artistique est indispensable pour s’adapter aux situations imprévues et parfois troublantes. Il faut personnaliser les dispositifs artistiques. Les patients sont parfois très créatifs et brillants et parfois atones. Il est important d’apprendre à gérer et encourager cette variabilité. C’est donc un enrichissement.
Dans l’institution (l’institution culturelle, l’institution hospitalière, l’institution pénitentiaire le cas échéant) et par extension dans la société :
Un regard plus humain et plus décloisonné sur la manière d’accompagner les soins. On soigne en ne réduisant pas les patients à des malades mais à des citoyens à part entière dont la contribution collective est essentielle pout tous. Soigner c’est partout, dans et aussi hors de l’institution. La circonscrire à l’institution est contreproductif, il faut ouvrir vers la société.
Ce projet fait appel à plusieurs disciplines artistiques : performance, danse, écriture, théâtre d’objets Une restitution du projet est envisagée au sein de l’APHM et à la Friche.
Ateliers animés par les deux artistes d’Ornic’art : Christine Bouvier : Transmission orale / Mise en forme des récits / Théâtre d’objets Rochdy Laribi : Travail corporel et performance chorégraphique